On arrive vraiment pas très en forme à Kalaw, après une journée et une nuit de bus climatisé à 16 degrés, qui plus est à 4h du matin! Heureusement à la sortie du bus, deux rabatteurs de guesthouse viennent nous "cueillir". On choisit d'aller chez Lily guesthouse qui organise des treks autour du lac Inlé. Après 4h de sommeil, on profite du petit déjeuner pour négocier notre départ dans la foulée. Le patron nous propose un devis à 39$/pers pour les trois jours, tout compris, sauf l'eau, que l'on achètera au fur et à mesure sur la route. La première journée représente 22 kms, la nuit se fera chez l'habitant vers "Kyauk Su", puis la seconde 17 kms avec une nuit au monastère de "Part Tu" et la dernière journée 17 kms jusqu'à l'embarcadère du lac Inlé vers Nyaung Shwe. Étant trois, on arrive à négocier un compte rond à 100$, l'affaire du siècle!
On part donc assez satisfait de notre deal. Un 4ème mousquetaire, Maximilien, un italiano, se joint à nous pour ce périple! Ronald, un jeune népalais de 20 ans sera notre guide. Nos sacs sont directement acheminés à destination finale, nous partons donc léger. On décolle à 10h tapante. D'abord, nous traversons la ville de Kalaw, jusqu'à la gare ferroviaire, puis on s'enfonce dans les premiers sentiers de randonnées. Le chemin est boueux. Autant vous dire que les 8 premiers kilomètres n'ont aucun charme! JC décide d'enlever ses tongs et de marcher pieds nus dans la gadoue qui nous arrive jusqu'aux chevilles. La tête dans notre parapluie, on marche sans trop comprendre pourquoi, sur un chemin si impraticable et sans aucun intérêt, la guesthouse organise quand même la sortie!! On croise une famille belge de Courtrai, dont la femme vient justement de chuter sur son épaule, suivie d'un malaise vagal!! La famille attend impatiemment "les secours" pour se rendre a l'hôpital le plus proche à Mandalay,sympa les vacances!
On fait notre première pause déjeuné à 13h, un peu à l'arrache sur une table extérieure couverte sous une pluie battante. Là, on nous sert un malheureux bout de concombre, avec des chapatis et un "mix vegetables" froid et du piment! On commence un peu à avoir peur pour les 3j à venir...! Bref, Ronald comprend vite que nous sommes affamés, il nous prépare une soupe de vermicelles, avec un thé, au bon goût de terre!! On repart joyeusement la tête dans notre parapluie, pour 16kms entre gadoue et bouse de vaches. Le chemin s'améliore légèrement, on souffle un peu sur 5-6kms, puis ça reprend de plus belle! On finit par arriver chez notre famille d'accueil, avec une seule envie, prendre une douche, même froide, et aussi laver nos affaires! Seulement, le bac à douche est quasiment vide. On se débarbouille donc comme on peut, et on dîne à l'heure des poules : 18h, ce qui nous promet une bonne et longue nuit de 12h. Cette fois, nous faisons un repas de rois et bien chaud qui nous réconforte un peu! On se remémore notre tumultueux périple dans la gadoue, autour d'une bonne bière bien fraîche, euh non... Ça on en rêvait...
Après, 15 minutes de dessins avec les enfants de notre hôte et 4 pages 1/2 de lecture, on tombe tous comme des masses à 19h55 sur nos matelas!! Et on dort, je vous l'assure comme des bébés!
6h50, Ronald fait son apparition, c'est l'heure du petit déjeuné!!! Lui, est levé depuis 5h, pour nous préparer des chapatis, des fruits frais et une salade de pommes de terre et de légumes. On s'empiffre tous, on craint de nouveau une dure journée dans la boue! On part bon pied, bon œil de bonne humeur, car il ne pleut pas ( encore ) et il n'y a pas ( encore ) trop de boue. Pas 15 min après notre départ, c'est reparti! On apprendra par la suite que nous étions en plein typhon, pas étonnant! Ca reste tout de même, notre plus belle journée, car malgré tout, la population était là dans les champs et on fait de très belles rencontres. Ici, on produit une multitude de légumes : des piments, des aubergines, des choux fleurs, des cacahuètes, et évidement du riz!!
Nous sommes chez les Padung, tribu aux étonnantes coiffes oranges ou rouges, donc ils ne comprennent pas nos "mingalarbar" et notre petit répertoire birman, mais on arrive quand même à se faire comprendre. Le sourire c'est universel! Ici pas besoin de nounous ou de crèches, les femmes emmènent leur bébé aux champs pour travailler.
Les agriculteurs nous montrent volontiers leur travail, leur production et comment il faut planter! Les hommes sont debouts et jettent aux femmes les cultures, qui les plantent immédiatement dans la terre. Ça va très vite. Les gens sont très ouverts et gentils avec nous, en général... Un monsieur s'est offusqué et voulait de l'argent car on marchait sur ces terres. Nous, pas comprendre et pas d'argent. Apparemment, il n'était pas très net selon notre guide! On continue notre route à la découverte de magnifiques paysages entre collines, champs et rizières, quand un problème crucial nous attend...
La rivière...!! Elle est sortie de son lit de quelques centimètres selon Ronald. Des paysans nous informent que c'est possible d'en avoir aussi jusqu'à la taille voire jusqu'au cou! Ronald veut nous la faire franchir malgré tout! La vérité oblige à dire que ce pauvre garçon est un peu perdu, et il n'a pas de plan B. On se concerte à 4, personne n'a très envie de la franchir un bras de 20m de long, avec les caméras, appareils photos, et surtout les sangsues!!! On décide de contourner par les rizières à la recherche d'une portion praticable. Après une heure à longer la rivière, sans issu, on commence un peu à flipper. Il est déjà 16h30, la nuit tombe à 18h45 et nous sommes encore a 5 kms du monastère, et toujours pas de solution! Faudrait peut être que notre guide se sorte les doigts, comme dirait JC! On tombe sur une petite maison en bambou et en feuille de bananiers, en décrépitude servant de refuge aux agriculteurs. Le seul moyen pour passer, serait de construire un radeau, oui un radeau! On se met dans l'idée de traverser la rivière en bateau! C'est l'affaire du "bamboo boat", chacun recherche des grands bambous assez longs et larges pour construire un radeau de fortune, sous l'œil dubitatif de notre guide sans ressources! Le gars, pas inquiet, ne fait aucune proposition, ne cherche aucune solution; il nous laisse mener notre barque, c'est le cas de le dire! Heureusement, Seb et JC ont toujours des tendeurs et des sangles sur eux, bah oui, c'est un truc de militaire ou de montagnard, je ne sais pas, mais c'est comme ça. On trouve 5 gros bambous que l'on assemble, tous ça dans la boue, sous la pluie avec les moustiques qui attaquent sévère. Je cherche de quoi faire des pagaies, et je trouve aussi de la ficelle pour renforcer notre radeau. 17h, victoire les amis, nous sommes prêts à le mettre à l'eau!!! Et là, un homme sort de nul part avec sa cargaison de riz sur les épaules, et nous dit qu'il existe un chemin, il veut bien nous le dire, si on le paye 2000 kyats!! On regarde Ronald qui vient de nous faire la traduction. Ok, la guesthouse payera, mais nous, on ne débourse pas un kopeck! C'est reparti, on longe de nouveau la rivière, 500m plus loin, on arrive enfin dans une zone praticable, moins de 3 mètres à franchir jusqu'aux mollets!! Bon Seb et Max sont un peu deg pour leurs nouvelles chaussures goretex. JC lui passe comme un local pieds nus comme d'habitude, moi en petite chaussure décathlon en fin de vie.
On retrouve un magnifique chemin boueux, sur lequel on fait tous au moins une fois une belle glissade voire cascade! Maintenant, nous sommes tous munis d'un bâton pour marcher tellement c'est impraticable. C'est parti pour 5 kms de gadoue jusqu'aux chevilles dans la bonne humeur! On se marre déjà de notre fameuse expérience du "bamboo boat", on aurait voulu le mettre à l'eau après tant d'effort pour l'assembler, mais bon, c'est certainement mieux ainsi! Les scènes de vie sur notre chemin continuent. On s'extasie devant les femmes qui travaillent à même le sol, sous la pluie et dans la terre, toujours avec le sourire.
On arrive enfin au monastère à 18h15!! Mon premier réflexe aujourd'hui est d'aller à la petite gargote du coin, nous prendre des bonnes bières fraîches : la récompense!! Les petits moines nous calculent à peine, ils ont l'habitude d'avoir du passage au monastère, et ils sont trop affairés à jouer sur leur smartphone. Génération "clach of clans"!! Ici tout le monde y joue, c'est de la folie!!
On rencontre aussi, des coréennes, qui se joignent à nous pour le dernier jour, elles sont toutes mignonnes en petite robe, elles ne savent pas encore ce qui les attend! Mais en voyant notre dégaine, elles comprennent vite a quelle sauce elles vont être mangés! Pareil, pas d'eau dans les "douches", on se décrasse devant tout le monde, dans un bassin ravitaillé par la pluie qui coule depuis le toit. Ce soir là, on parlera beaucoup du "bamboo boat" et de cette belle journée autour d'un délicieux et copieux repas! Les coréennes ont vraiment hâte de nous suivre dans nos aventures! La nuit est bonne, 10h de sommeil, ça aide!!
Levée 6h, et oui la vie monacale ça commence tôt! Petit dej et go, c'est parti, un petit ciel bleu nous attend, il faut en profiter. Franchement, cette troisième journée, n'est pas réellement spectaculaire! Zéro paysage, on marche sur un chemin boueux évidement et très peu de contact avec la population! Nous sommes un peu déçus quand même. Soit... On termine tôt nos 17 kms de marche à 12h, on mange un bout puis retour en pirogue à moteur sur le fameux lac Inlé.
Là aussi, des scènes de vie incroyable, entre ceux qui pêchent et ceux qui vivent les pieds dans l'eau sur les berges du lac Inlé, il y a de quoi en prendre plein la vue.
Super ce récit ! Je viens de revivre notre trek, et au passage me rendre compte que j'en ai jamais publié sur le blog le récit ! Tu permets que je copie colle sur notre blog ? J'aurais juste à ajouter à la fin que 3 jours de trek en tongues .... ça tue !!!!
RépondreSupprimerOn etait aussi à la Liliy Guesthouse, très bonne adresse !
Rapport qualité / prix je pense que tu ne peux pas trouver mieux sur le secteur!! La mousson ça reste quand même un mauvais souvenir pour nous au Myanmar! Les sinistrés du cyclone, les morts et disparus, c'était pas toujours facile d'entamer quelquechose quand un pays comme celui là va mal! On a apporté notre petite contribution financière et puis la vie continue, c'est comme ça! Tu sais que JC a toujours la même paire de tongs qu'il a fait renforcé déjà deux fois au Viêtnam! Des Warriors ces havaianas!!
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