Inscrite au patrimoine de l'Unesco depuis l'an 2000, Stone Town, la "ville de Pierre" est une ville surprenante, chargée d'histoire. Depuis la nuit des temps, l'archipel de Zanzibar a été marqué par des flux d'immigration swahili, arabe, perse, portugais et britannique, c'est ce qui fait son métissage et son brassage culturel.
Découverte par des pêcheurs côtiers africains, Zanzibar devient rapidement une route commerciale des côtes arabes et indiennes grâce aux vents favorable à la navigation. Une première vague d'immigration perse installe un courant politique et économique puissant, qui permet le commerce de l'or, de l'ivoire, de peaux de bêtes et des esclaves qui sont envoyés au moyen orient. S'installe alors les différences sociales et culturelles, les moins métissés donc les plus "noirs" soit les vrais africains sont écartés de la population pour subir l'esclavagisme. Alors que Zanzibar devient de plus en plus prospère par son emplacement stratégique, qui en fait une plaque tournante commerciale. L'arrivée des navigateurs portugais met fin à cette prospérité, comprenant vite l'intérêt stratégique de la création de comptoirs le long de la côte Est africaine, ils prennent de force Unguja et Pemba pour avoir la main mise et le contrôle des routes commerciales. La division au sein du royaume de Zanzibar sous influence portugaise, permet aux Omanais de reprendre le contrôle de celle ci vers 1700. C'est alors que Zanzibar rentre dans une économie tournée essentiellement dans le commerce des esclaves et une culture arabo-musulmane. Zanzibar vit de la production de dattes qui demandent beaucoup de main d'oeuvre, c'est alors que le dilemme s'impose. L'Islam interdit la traite d'autres musulmans, le pouvoir d'Oman décide d'avoir recours à des esclaves africains. La culture de la canne à sucre et des clous de girofles s'accentuent sur l'archipel et nécessitent de plus en plus bras dans les plantations. Au total, en 43 ans de 1830 à 1873, c'est entre 600 000 et 700 000 esclaves qui seront vendus. Les alliances avec les britanniques se finiront par la colonisation de l'archipel sous forme de protectorat, qui aboutiront à la fin de l'esclavagisme en 1890 par la convention internationale de Bruxelles sous Léopold II.
Nous terminons notre voyage en Tanzanie par la visite de ce marché aux esclaves. Aujourd'hui, il ne reste plus que ces sculptures de Cara Sornas en mémoire de ces esclaves. Les chaînes sont d'époque. Il ne reste que deux pièces souterraines sur les treize dans lesquels, ils étaient entassés dans quelques mètres carrés, dans leurs déjections dans des conditions atroces et inhumaines.
Avant d'être présentés à la vente, ils étaient lavés et engraissés, pour être vendus présentables, sous leur meilleur angle pour en tirer un maximum d'argent. Le marché se tenait tous les jours, à 16h. Hommes, femmes et enfants avançaient l'un derrière l'autre sous forme de procession. Des crieurs vantaient leur robustesse et leur qualité. Ils étaient ensuite inspectés par leur acquéreur. Parfois, fouettés pour tester leur rigueur. Un homme qui ne craignait pas la douleur valait beaucoup d'argent.
En hommage, une église anglicane érigée en 1873 a été construite sur l'ancienne place, actuellement en rénovation, elle montre la volonté des hommes d'écrire une nouvelle histoire sur les vestiges du passé. Un peu pour laver la terre de ses péchés!
On a halluciné une fois de plus, sur leur échafaudage maison avec des bouts de bois pour rénover cette bâtisse! Un travail de titans sans vraiment de moyen de rénovation.
Nous déambulons dans les petites ruelles de Stone Town derrière le vieux fort à la découverte de ses portes abritants tantôt de magnifiques palais, tantôt les scooters du quartier! Le vieux fort accueille aujourd'hui l'office du tourisme et de nombreuses boutiques de souvenirs.
À l'époque du sultanat d'Oman, le Sultan Said fait ériger un magnifique palais, aux dimensions bien proportionnées et luxueux. Le palais surplombe le port à proximité du fort, et offre du deuxième étage une vue imprenable sur l'océan. Bien conservé et meublé, c'est devenu aujourd'hui un musée agréable à visiter et très instructif sur la Princesse Salme, la fille du Sultan Said. Cette femme tient une place importante dans l'archipel, pionnière en matière d'écriture, elle écrit ses mémoires « Mémoires d’une princesse d’Arabie » et rapporte des scènes de vie de Unguja. En effet, à part Salme, les femmes de la cour royale d’Oman et de Zanzibar n’ont pas appris à lire ou à écrire (en dehors des leçons coraniques de base) et donc il n’y a pas d’écrit de ce qu’était la vie des femmes à cette époque. Le Palais dispose également d’autres pièces comprenant divers types de meubles acquis par les sultans au cours des années. Les chambres sont dans des états divers de délabrement, mais donnent une bonne idée de la qualité de vie d’une famille de sultan durant leur règne. On y trouve des objets de curiosité un peu insolite pour l'époque comme ce cabinet de toilette portatif! Ou comme cette magnifique méridienne que j'adore!
La nuit ne va pas tarder à s'installer, et une fois de plus c'est le foot qui réunis les zanzibarites sur la plage! Des concours de saut périlleux, salto, flip avant ou arrière s'improvisent dans le sable face au couché du soleil.
Un dohw passe sous le soleil couchant, c'est l'heure des mzumgus de sortir l'appareil photo et de mitrailler la carte postale qui s'offre à nous! Les zanzibarites en profitent aussi pour faire leur photo de profil facebook en posant face à la mer!
Le soir, c’est immanquable, à partir de 18h, la place aux Forodhani gardens, face au palais des merveilles ( un musée que l'on a pas pu visiter car fermer ), attire mzumgus comme locaux, pour savourer des brochettes de poissons, de poulpes, de crevettes, des crabes coco, des langoustes à déguster avec le jus de sucre de canne citronné! Les prix sont élevés et difficiles négocier, et 2 à 3 fois plus chers que de l'autre côté de la ville, mais le cadre et l'ambiance méritent bien un petit écart de porte monnaie. Et je suis sûre que vous trouverez de quoi vous régaler auprès des nombreux stands, qui s'improvisent grands chefs toqués d'un soir tablier blanc et nœud papillon, dans cette cuisine à ciel ouvert!
Nous avions entendu beaucoup de mal de Stone Town, surtout dans les guides; et c'est vrai que nous avions logé une nuit avant de partir pour Pemba sans la visiter près du port de pêche. Cela nous avez donné une mauvaise image de cette ville, où beaucoup d'alcooliques et drogués traînent le soir dans les ruelles mal éclairées. Alors qu'elle est au final surprenante par son histoire et sa culture, avec ses palais, musées et mosquées, mais aussi très festive avec ses acrobates et ses plongeurs cascadeurs fous du soir!
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Merci pour les belles images et vos super commentaires, gros bisous à vous deux.
RépondreSupprimerSuper !!! J'avais aussi adoré Stone Town, c'est vrai que ça craint un peu le soir dans les quartiers moins touristiques mais s'y balader très tôt le matin est vraiment extraordinaire. Les portes sculptées y sont vraiment sublimes. Avez vous eu l'occasion d'écouter de la musique taarab ? En ce qui concerne les pièces pour les esclaves, ça fait vraiment froid dans le dos !! En tout cas Bravo pour votre périple et
RépondreSupprimermerci pour toutes les infos complémentaires. Bisous +++